Pamir

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Géographie

Le massif du Pamir s’étend sur environ 500 km d’est en ouest et 300 km du nord au sud. Il occupe près de la moitié du Tadjikistan : c’est la région autonome du Haut Badakhshan (ou GBAO : Gorno Badakhshan Autonomous Region), avec la petite ville de Khorog (2200m) comme capitale régionale. On y distingue deux grands ensembles : à l’est, un haut-plateau semi-désertique d’une altitude variant entre 3500 et 4500m ; à l’ouest, des chaînes de hauts sommets glaciaires creusées de profondes vallées. Son point culminant est le Pic Ismaïl Somoni, à 7495m d’altitude. Le Pic Abu Ali ibn Sina, plus connu sous son ancien nom (Pic Lénine) est cependant plus populaire auprès des alpinistes occidentaux en raison de l’aspect peu technique de sa voie normale. Il se situe sur la frontière avec le Kirghizstan et avec ses 7134m, est le deuxième sommet du massif.

 

Sur le plateau, district de Murgob

Vallée de la Bartang

 

Population

Jaïloo, région d’Alichur

Le haut-plateau est essentiellement peuplé de d’éleveurs kirghizes, qui ont plus de liens avec le sud du Kirghizstan qu’avec Dushanbe, la lointaine capitale du Tadjikistan. Ils vivent dans des villages haut-perchés où rien ne pousse. Durant l’été, ils s’installent dans des campements de yourtes pour faire paître leurs troupeaux. C’est un peuple turcique et leurs yeux bridés correspondent à l’image que l’Occidental se fait généralement de l’Asie Centrale.

Barchadif, vallée de la Bartang

Les vallées de l’Ouest sont le fief des Pamiris, aux traits analogues aux nôtres. Leurs villages sont de petites oasis enserrées dans des vallées étroites et profondes où l’irrigation permet la culture de pommes de terre, de céréales, de légumes, d’abricotiers.

Les Pamiris et leur culture

En guise d’introduction à la culture pamirie, une légende retranscrite par Robert Middleton dans « Legends of the Pamirs » : When God created the World (Quand Dieu créa le monde) :

Lorsque Dieu créa le monde, il demanda aux représentants de chaque peuple de former une file afin d’attribuer les terres. Or chacun sait que le Pamiri est de petite taille, très poli et très discret, si bien qu’il se retrouva en queue de file. Lorsque son tour arriva, Dieu eut un mouvement de surprise car visiblement, il avait fait une erreur et il ne lui restait plus de terres. Le Pamiri en eut beaucoup de chagrin. Or chacun sait que lorsqu’un Pamiri pleure, Dieu en personne pleure avec lui. Alors, voulant s’amender de son erreur, Dieu lui proposa un tout petit bout de terre qu’il avait gardé pour en faire son propre jardin : c’était le Badakhshan.

Origines et langue

Les Pamiris sont un petit peuple iranien (au sens ethnographique du terme), qui se différencie cependant de l’ethnie tadjike par sa langue, sa culture et sa religion.

Les dialectes pamiris (chaque vallée à son propre dialecte) ne sont pas écrits et ne sont pas compréhensibles par un locuteur de langue tadjike. Dans les écoles du Pamir, la scolarité est anticipée d’une année pour apprendre le tadjik.

Religion

Alors que les Tadjiks sont majoritairement de religion musulmane sunnite, les Pamiris sont, à quelques exceptions près, ismaéliens. C’est une branche de l’islam chiite particulièrement tolérante et qui reconnaît l’Agha Khan comme chef spirituel.

Maison pamirie

L’identité culturelle pamirie est forte. Son marqueur central est sans conteste la maison traditionnelle.


Les murs sont faits de torchis et généralement blanchis ; les toits sont plats, permettant de faire sécher fourrage, combustible et nourriture. Ils arborent un renflement de terre battue, surmonté d’une verrière qui offre l’éclairage dans la pièce principale, le « tcheud ».


Le « tcheud », abrite des symboles zoroastriens, vieux de plus de 2500 ans : une structure de quatre carrés décalés et concentriques qui encadrent le puits de lumière pour symboliser les quatre éléments, des estrades sur trois niveaux pour symboliser les mondes minéral, végétal et animal ; cinq piliers représentant déesses et dieux zoroastriens, ou, depuis l’arrivée de l’Islam, cinq membres de la famille d’Ali. D’autres poutres encore symbolisent les mondes matériel et spirituel, les six directions de l’univers zorastrien etc…

Alimentation

Les Pamiri disent à tout va : « Bi shirtchoy, zindagui na bift ! » (sans shirtchoy, la vie n’est pas possible !).


Le shirtchoy (de shir = lait dans les langues persanes et de tchoy, prononciation locale de tchay = thé) est un thé noir au lait additionné de sel, préparé dans une bouilloire. Chacun ajoute ensuite, directement dans son bol, du beurre ou de la margarine, puis y émiette du pain. Il est consommé plusieurs fois par jour.

Le pain tient une place importante dans la nourriture pamirie. Il est préparé sous forme de galettes.

Les pommes de terre sont un plat prisé, agrémenté de légumes dans les villages des basses vallées. Quant à la viande, c’est un produit de luxe ; elle est essentiellement consommée lors des fêtes.

Economie

Dans les vallées règne une économie de subsistance. Chaque famille est agricultrice par nécessité, sans que l’autosuffisance alimentaire soit toutefois atteinte (par manque de terres). Les emplois dans les écoles et les dispensaires permettent une (très petite) entrée d’argent pour quelques familles. Près de la moitié des Pamiris travaille sur des chantiers de construction loin du Pamir : à Dushanbe, au Kazakhstan, et surtout en Russie.