En plein hiver, il n'est pas rare de voir tomber de la pluie jusqu'à 2000 ou 2500 mètres d'altitude, voire parfois plus haut. La plupart des domaines skiables peuvent donc être confrontés à ce phénomème. Au-delà du manque d'attrait de skier sous la pluie, quel est son impact sur la neige ?
Tout d’abord, la pluie, quelle que soit la neige sur laquelle elle tombe, entraîne immédiatement une perte de cohésion de cette dernière, d’où les avalanches induites par la première pluie de la saison sur un manteau neigeux n’ayant jamais subi d’humidification jusque-là. En effet, des grains ronds humides apparaissent, quelque soit le type de neige sèche présent en surface. Or, leur cohésion (dite capillaire) est moins bonne que celle de n’importe quel type de neige sèche (frittage ou même feutrage) ; et, si l’on est déjà en neige humide, la cohésion est inversement proportionnelle à la quantité d’eau liquide contenue dans la neige.
Ensuite, l’effet le plus visuel de la pluie est la diminution de la hauteur du manteau neigeux. Il est utile de rappeler que cela est dû majoritairement à un tassement important et non pas à la fonte : la quantité de glace avant et après la pluie reste quasiment la même, mais par contre, le manteau contient alors beaucoup moins d’air : il s’est nettement densifié.
À très court terme, sur de la neige récente, la neige s'humidifie d'abord régulièrement en surface ; puis, s'il continue à pleuvoir, son aspect devient matelassé dans les endroits plats, tandis que des sillons apparaissent dans les pentes. Cette neige est alors peu agréable à skier vu les irrégularités et la lourdeur du mélange obtenu. Sur de la neige dure et compacte (par exemple sur pistes damées), la surface devient très mouillée, ce qui ralentit beaucoup la glisse ; mais, sauf en cas de fortes pluies, la neige reste plutôt portante.
À plus long terme, si une période de froid suit, l'eau contenue dans le manteau neigeux pourra regeler progressivement. D'abord par la surface, où les microreliefs formés par la pluie offriront un assez bon ancrage pour la chute de neige suivante. Puis, si l'humidification avait atteint des couches plus profondes, la neige deviendra dure sur une grande épaisseur. Ainsi, une bonne chute de pluie sur le manteau neigeux sur les pistes en début de saison suivie d'un regel fournit une bonne sous-couche de neige qui résistera mieux à l'abrasion des skieurs ; en hors-piste, elle évite au skieur de toucher le fond, même si l'enneigement est faible.
Si la pluie est faible et tombe sur une neige molle (neige fraîche, grains à face planes, gobelets), la neige deviendra croûtée une fois regelée. Une neige croûtée est dite non portante lorsqu'elle ne supporte pas le poids d'une personne. Cette notion est donc fonction du mode de déplacement (à pied, à raquettes ou à skis).